Mesdames, Messieurs, chers amis, Monsieur le Maire de Bonnefond, Madame et Monsieur les Conseillers départementaux, les autres maires et élus du canton, Monsieur le représentant de la Gendarmerie merci pour votre présence, et aussi un amical salut à Raymond Vergne, le président du notre comité ANACR Nous nous retrouvons dans cette clairière, comme je l’ai déjà dit, qui me donne chaque fois le frisson lors de mes interventions au nom de l’ANACR.
Cette année 2017, notre rassemblement a lieu un 1er mai, une date qui voit chaque année des manifestations populaires du monde du travail. Mais savez-vous que le 1er mai est né le 20 juillet 1889 à Paris à l’occasion du centenaire de la Révolution Française, pour répondre au besoin de solidarité internationale du mouvement ouvrier.
Ainsi le 1er mai 1890 sera la première manifestation ouvrière de ce genre, avec la revendication des 8 heures de travail par jour. Rassurez-vous, je ne vais pas passer en revue, tous les premiers Mai de l’histoire syndicale, je souhaitais seulement rappeler le contenu révolutionnaire de cette journée, qui se perpétue, même si parfois les organisations syndicales manifestent en ordre dispersé ce jour-là.
Encore deux dates si vous le permettez, elles ne s’éloignent pas de ce qui nous réunit ce jour : La Résistance.
En 1941, le gouvernement pro-hitlérien, mis en place par le régime de Vichy, collabore avec l’ennemi. Pétain et Belin imposent une « Charte du Travail », qui répudie la lutte des classes, le socialisme, dissout les syndicats, interdit la grève et promulgue le 1er mai en « Fête du travail et de la concorde sociale ».
Le 1er mai 1945, celui de la Libération retrouve sa signification d’origine. Si les moyens d’informations actuels avaient existé, les manifestants auraient même pu apprendre, presque en direct, le suicide d’Hitler!
Lors de la seconde guerre mondiale, le monde du travail a payé un lourd tribut en vie humaines, morts au combat ou fusillés et aussi déportés dont beaucoup ne reviendront pas des camps de la mort. Disant cela je n’oublie pas tous les autres résistants et les autres victimes bien entendu. Dans leur lutte contre un ennemi commun, ces résistants clandestins ou légaux étaient unis, pour une même cause et un objectif commun : libérer leur pays. Ils appartenaient à des réseaux ou mouvements différents dont les plus connus sont, les Francs Tireurs et Partisans, l’Armée Secrète, les Mouvements Unis de Résistance et aussi le Front National de lutte pour l’indépendance de la France. Tous ces mouvements se retrouveront le 27 mai 1943 dans le Conseil National de la Résistance voulu par de Gaulle et dont le 1er président sera Jean Moulin.
Il n’est pas utile de rappeler cela, car la méconnaissance de l’Histoire est souvent cause de lacunes et notre mission à l’ANACR est d’effectuer un travail de mémoire indispensable pour bien comprendre aujourd’hui les enjeux de notre société.
C’est pourquoi, il faut faire la clarté.
Le Front National de la Résistance n’a rien à voir avec le Front National, créé en 1972 par l’extrême droite française autour de l’organisation « Ordre Nouveau ».Et pour notre association de la Résistance ANACR, il ne peut être question non plus, de se laisser confisquer le nom de « patriote » par ceux que les Résistants combattirent durant l’occupation.
Enfin, rappelons-nous aussi que la Résistance française a accueilli dans ses rangs des étrangers, des réfugiés, des émigrés qui avaient fui des régimes autoritaires et racistes d’Europe, ceux-là ont aussi payé un lourd tribut pour la liberté et l’indépendance de notre pays, leur pays d’accueil. Oui ils avaient été accueillis parce que notre République a des valeurs dont la Révolution Française a été fondatrice, et que résume sa devise « Liberté-Égalité-Fraternité » concrétisée dans la « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ».
Enfin, plus que jamais il nous faut rester vigilants quant à la remise en cause des valeurs et acquis fondamentaux du programme du Conseil National de la Résistance.
En avril 1942, De Gaulle adresse un message aux mouvements de Résistance : il faudra, écrit-il, donner aux Français, dans le domaine social, « les garanties pratiques qui assureront à chacun la liberté et la dignité de son travail » et que « chacun ait au départ de son activité sociale des chances égales à tous les autres, que chacun soit respecté par tous et aidé s’il en a besoin ». Il écrit dans ses Mémoires de guerre que « le moment était venu de proclamer » que notre but « c’était la libération, aussi bien celle de l’homme que de la patrie ». Il reprendra le même discours dans son appel le 18 juin 1942 depuis Londres.
Et, la Résistance unie, les partis politiques et organisations syndicales unanimes traduiront cette volonté dans le programme du CNR qui demeure le socle fondamental de nombreuses avancées sociales qu’il faut préserver et pour certaines améliorer et non restreindre.
Lucien NIARFEIX, Charles TERRACOL, André LAVAL, Roger LAVIEILLE et René DUMAS, c’est vers vous et vos familles que maintenant vont nos pensées et notre reconnaissance pour votre courage, mais aussi à vos autres compagnons de lutte du groupe Lallet, et encore à ceux et celles qui connaissaient votre engagement, ces bonnes volontés qui vous aidaient, vous informaient pour vous protéger. Et puisque La Résistance ne fût pas seulement une affaire d’hommes, ici comme ailleurs en Haute Corrèze, je voudrais citer Geneviève de Gaulle – Anthonioz : « Il est bon qu’on se souvienne que, contre l’hégémonie de l’Allemagne hitlérienne, des femmes de tous âges, de tous milieux, de toutes convictions ont mis en jeu leur pauvre bonheur humain ».
Et pour terminer, je rappellerai, que « Fidèle aux valeurs humanistes, patriotiques et démocratiques de la Résistance, ayant inspiré la lutte des Résistantes et Résistants, l’Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance n’a cessé, depuis sa création en 1945, de combattre la xénophobie et les résurgences du fascisme, masqué ou non, de se prononcer pour une société juste et fraternelle, pour un monde pacifique et solidaire ». C’est ainsi que nous sommes fidèles à ces Résistants dont les noms sont ici gravés sur cette stèle des Bordes et à tous les Résistants de notre canton. Ce sera notre façon de continuer leur combat.