paris_13112015_01.jpg    

 
Vous êtes ici :   Accueil » Stèle de Moulzat de Chanteix
    Imprimer la page...

Stèle de Moulzat de Chanteix

Cher promeneur, vous qui empruntez un ''chemin de la Résistance'', vous êtes ici devant la Stèle du camp de Maquis de Moulzat (Chanteix) érigée en l'honneur de tou(te)s les Résistant(e)s du Comité Intercommunal ANACR de Saint-Mexant (communes de Chameyrat, Chanteix, Favars, Lagraulière, Saint-Clément, Saint-Germain-les-Vergnes, Saint-Mexant) et de tou(te)s les autres, venu(e)s ici rejoindre le ''maquis'' pour combattre le nazisme, le fascisme et la collaboration du gouvernement de Vichy.

Avant de s'implanter ici,  dans les taillis (il en reste très peu ) situés devant vous, au-dessus de la stèle et à droite,tout près du petit ruisseau qui serpente dans la prairie, le 1er camp de ''clandestins'' s'était installé au lieu-dit ''le Bombalou de Chanteix'' mais il avait dû se déplacer (car trop proche d'une route) pour trouver un autre espace boisé ; les maquisards avaient finalement choisi Moulzat. Ce camp, important  deviendra le PC tactique du sous-secteur B des FTP(1) et la ''ferme Boucheteil'', à Villieras de Saint-Mexant, (à 2/3 kms à vol d'oiseau environ)le Poste de Commandement du même sous-secteur. Nous connaissons bien les débuts de l'organisation de ce camp et son histoire car un des jeunes gens qui y est arrivé très tôt, Robert Valery (originaire de Saint-Pardoux l'Ortigier, à 2 kms à vol d'oiseau de ce lieu) nous a laissé un témoignage capital pour en retracer son histoire.

C'est grâce à un engagement  précoce et volontaire des habitants de nos communes, comme celui d'autres communes corréziennes, que notre département a mérité son titre de ''Terre de Résistance''. Ici, en effet, la Résistance s'est organisée très tôt essentiellement en lien avec la recomposition du parti communiste interdit après le Pacte germano-soviétique de 1939. Les maires communistes des communes de Chanteix, Favars, Lagraulière avaient  d'ailleurs été ''révoqués'' après la déclaration de guerre.  C'est autour de quelques hommes, en particulier Pierre Boucheteil domicilié à Villieras de Saint-Mexant que les premiers petits groupes de ''clandestins'' vont se constituer entre personnes qui se connaissent bien. A l'été 1940, Robert Delord, un des pionniers de la Résistance à Brive, vient rencontrer Pierre Boucheteil qui l'accompagne ou l'envoie chez des ''amis'' surtout des paysans de Saint-Mexant, Chanteix, Saint-Clément, Lagraulière... tous ceux qui pourront recevoir des militants communistes pourchassés par la police de Vichy et même des Espagnols fuyant le franquisme. Ils vont ainsi poser dans les campagnes de nos communes, les bases de la Résistance précoce, aussi bien pour la composition des futurs maquis, que pour la logistique, qui leur était indispensable. Dans des fermes, parfois éloignées, reliées par des petites routes mais aussi des chemins vicinaux parcourant des zones boisées, des paysans vont donc accueillir très tôt des clandestins, les cacher dans leur maison, leur grange ou dans des sapes creusées  à même le sol, à proximité, et leur permettre ainsi, de se réunir et d'organiser des petits groupes d'action. Le soutien des habitants de nos campagnes était capital : sans eux, la Résistance n'aurait pas pu exister et se développer, ici, comme dans le reste du département.

Mais à partir de l'automne 1942 , vont venir s'ajouter ici, aux jeunes venus de loin parfois (Les Espagnols fuyant le franquisme,''Charlot'' l'alsacien dont beaucoup se souvenaient parce qu'il parlait allemand,Yvon le lyonnais...)ou simplement de Brive et Tulle, des jeunes de nos communes ''réfractaires'' à la ''Relève obligatoire'' et recherchés comme tels par la police de Vichy. De plus, avec l'occupation de la zone sud,(novembre 1942)''c'est une véritable affluence de camarades qu'il faut cacher'' selon Pierre Boucheteil. La création du STO(2) en février 1943 augmentera encore le nombre de clandestins.

Début 43, ces ''primo-résistants'',déjà organisés, vont, avec les ''réfractaires''(qui devaient se cacher) s'éloigner des fermes qui les accueillaient parce que ces paysans étaient, comme eux, de plus en plus surveillés. Ils vont se regrouper dans des zones boisées, assez loin des routes principales (comme ici, à l'époque !) et former des camps dits ''de maquis''(en référence au maquis corse, végétation réputée impénétrable) mais pas trop loin de fermes ''amies''. C'était le cas ici pour la ferme qui se situait sur la colline (en haut, à gauche en regardant la stèle). Robert Valery, maquisard de 20 ans à l'époque (100 ans aujourd'hui) se souvient que ''le brave paysan'' lui laissait faire du pain dans le fournil pour ses camarades du camp. Pour la nourriture en général, les maquisards qui en étaient chargés, en trouvaient dans des fermes plus éloignées qu'ils connaissaient (sur les communes proches) où ils  récupéraient parfois de la viande (abattage clandestin de veaux), avec difficulté en se cachant de la police de Vichy pour éviter de  se  faire repérer ou faire repérer les paysans .  

Ce camp se trouvait à moins de 20 kms de Tulle et de Brive par ''les chemins de traverse''. Les hommes qui y ont passé et séjourné, dans des conditions difficiles, couchant sur la paille, sous des tôles, avant d'avoir quelques toiles de parachute, ont participé très tôt aux opérations de sabotage de lignes électriques, de la voie ferrée sur la vallée de la Vézère,  aux combats sur la vallée de la Corrèze (où ils se rendaient souvent à pied ou avec le ''gazogène'' qui tombait souvent en panne), à la libération de Brive, Tulle, Egletons...Très peu armés au début, ils prenaient de gros risques. Ils se sont également opposés, autant qu'ils le pouvaient, dans les villages, aux réquisitions des récoltes de céréales par exemple (sabotages des ''batteuses'' officielles) et des animaux, par le gouvernement de Vichy à destination de l'Allemagne. Des responsables départementaux comme Jean-Baptiste Champseix y venaient souvent  pour préparer des opérations armées. Georges Guingoin y viendra à 2 reprises.

Les divisions allemandes de repression (Brehmer et Das Reich) ne sont jamais arrivées jusqu'à Moulzat. Les maquisards n'ont pas été dénoncés. Ils étaient ''commandés'' par Fernand Taurisson alias ''Jérôme''ou ''La Torpille'', un homme remarquable aux dires de ceux qui l'ont connu, prudent et attentionné pour les plus jeunes ; il avait rejoint la Résistance très tôt, fuyant Brive où il était ouvrier, pour organiser le maquis, ici .

A proximité de Moulzat,(1/2 kms environ) s'étaient implantés 2 autres camps FTP plus petits ; au lieu-dit ''Les Chataignières'' (commune de St-Mexant),'' les Maurians'' (commune de Chanteix). Moins importants en nombre d'hommes mais essentiels pour l' emplacement de ''poste avancé'' ou par le rôle des maquisards dans les bataillons tactiques des FTP. 

Les femmes de nos communes ont eu, elles aussi, un rôle important dans la Résistance. Certaines, très tôt , surtout dans les fermes, se sont employées à nourrir et blanchir ceux qui se cachaient ; d'autres, plus jeunes, ont participé aux opérations comme agents de liaison, courant les mêmes risques que les hommes. Elles faisaient le lien (à vélo souvent) entre ce  camp de maquis et d'autres  et les Résistants de Tulle, Brive, Clergoux...Elles se nommaient Louise Boucheteil, Germaine Roche, Marthe Bouyssou, Raymonde Régnier, Armande Baudry ( venue de Dordogne et dont  le collège de Seilhac porte le nom).

C'est en mémoire des femmes et des hommes d'ici, paysan(ne)s, ouvriers de la Manufacture de Tulle, cheminots, artisans, employés...et celles et ceux venu(e)s d'autres régions de France et de l'étranger, mais tou(te)s animé(e)s par un même idéal de liberté, d'égalité, de fraternité, que nous avons  érigé cette stèle qui témoignera de leur combat contre le nazisme et la collaboration, comme d'autres stèles qui jalonnent l'orée des bois, les chemins et les routes de notre belle Corrèze.

       Le Comité Intercommunal de Saint-Mexant de L'ANACR        TOUS DROITS RESERVES

1)FTP : Francs Tireurs et Partisans. Le terme de''Partisan'' est employé pour désigner des combattants civils s'opposant à une armée régulière d'occupation. Il est d'ailleurs utilisé pour désigner les Résistants de tout pays menant une lutte armée de libération de leur territoire durant la seconde guerre mondiale. (Hymnes de la Résistance : Le Chant des Partisans (France) ; Bella Ciao (''O Partigiano.''..Italie

(2) STO : Service du Travail Obligatoire instauré par le gouvernement de Vichy au service des Allemands


Date de création : 04/05/2023 @ 11:35
Catégorie : Stèles - Parcours de mémoire -
Page lue 4525 fois