Stèle de Puy-la-Croisille
Cette stèle du lieu-dit Puy-la-Croisille a été érigée par les communes de Lagraulière, d'Espartignac et Saint-Jal, à la mémoire des victimes civiles de la barbarie nazie du 9 juin 1944, qui se sont malheureusement trouvées sur le ''parcours de feu et de sang'' de la Das Reich(1).
Les 7 et 8 juin 1944, les jeunes Résistants maquisards FTP(2) de Saint-Jal, de Seilhac, avaient répondu à l'appel du général de Gaulle et au mot d'ordre de l'état major des FTP (''se battre partout sur le territoire pour contrer les troupes allemandes et assurer la réussite du débarquement'') en abattant des arbres pour couper la nationale 120 (axe important de circulation à partir de la RN 20) et empêcher les véhicules militaires de circuler.
Le 9 juin 1944, pendant que des éléments de la division SS Das Reich accomplissaient leur mission criminelle à Tulle (99 pendaisons et 249 déportés le 10), d'autres étaient partis dans les campagnes à la recherche des maquisards.
Ici, au Puy la Croisille, la 23/65 ème compagnie FTPF faisait le guet sur la RN 120. En début de matinée, une voiture allemande Hotchkiss avec 3 passagers venant de la direction d'Uzerche tente de forcer le passage malgré les obstacles ; les occupants sont aussitôt pris sous le feu du fusil mitrailleur des maquisards. Les 2 passagers avant sont tués sur le coup ; le troisième s'enfuit en se cachant le long des haies et attendant l'arrivée du reste des SS (ce que les maquisards ignorent). Les deux morts sont rapidement enterrés et leur voiture poussée dans les buissons d'un vallon voisin pour ne pas être repérée. Les maquisards quittent les lieux, lorsqu'arrive, de Tulle, un détachement motorisé de SS qui ouvrent le feu sur eux et les poursuivent pour tenter de les arrêter. Cependant, grâce à leur bonne connaissance du terrain, les maquisards peuvent s'échapper.
Mais, les SS ne quittent pas les lieux. Ils sont là pour terroriser les populations, espérant les dissuader de soutenir les maquis. Deux d'entre eux gagnent la ferme Bordas en tirant dans les portes des bâtiments ; ils se rendent compte que des femmes et des hommes sont présents. Ils avertissent le reste du détachement et, peu après, une automitrailleuse tirant de tous côtés arrive par le chemin dans la cour de la ferme. Les SS prennent le grand-père, Jean-Baptiste Bordas(72 ans)et son fils Pierre Bordas(44 ans) qu'ils emmènent et fusillent à une centaine de mètres de la ferme. Puis, ils continuent à parcourir les alentours en poursuivant leur sale besogne : AugusteVillechenoux, qui n'habitait pas très loin et avait entendu les coups de feu avait voulu s 'approcher ; il est abattu, comme le jeune Roger Condat qui passait par là, venant d'Espartignac, pour aller chercher son père à Saint-Jal.
Les SS, pour continuer à semer la terreur, incendièrent des maisons dont celle du malheureux Villechenoux et d'autres au village de la Pérodie. Peu après, à Ceyrat d'Espartignac, Louis Juge, un agriculteur qui se trouvait dans son pré, tomba à son tour sous les rafales allemandes.
Cette funeste journée a marqué à jamais les familles de nos campagnes du moyen plateau corrézien.
Le Comité Intercommunal ANACR de St Mexant
(1)Das Reich : la 2ème SS panzer division Das Reich a été créée en 1939. C'est l'une des 38 divisions de la Waffen SS. En 1941 elle est envoyée dans les Balkans où durant 3 ans elle fera régner la terreur en exécutant civils et combattants par pendaison, fusillade ou gazage et en brûlant des villages entiers. Au début de 1944 elle est reconstituée dans le sud ouest de la France avec, comme mission, de ''nettoyer la région ''de ses Résistants et Maquisards particulièrement actifs dans notre région avec les mêmes méthodes que celles précédemment citées (Pendaisons de Tulle, village martyr d'Oradour …)
(2)FTP : Francs Tireurs et Partisans. Résistants civils clandestins organisés en groupes armés(camps de maquis) pour combattre l'occupant allemand et ses miliciens du gouvernement de Pétain.