Panneau mémoriel de Villieras

                   Cher promeneur , vous voici sur un ''chemin de la Résistance'' 

Ce panneau mémoriel de Villieras de Saint-Mexant a été installé par le Comité Intercommunal de l'ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance) comprenant les communes de Chameyrat, Chanteix, Favars, Lagraulière, Saint-Clément, Saint-Germain-les-Vergnes, Saint-Mexant et la municipalité de Saint-Mexant en hommage aux Résistant(e)s et maquisards FTP(1) du sous-secteur B, dont ceux  de Villieras,  ''village de Résistants'' et en particulier à Pierre et Louise Boucheteil.

C'est grâce à un engagement précoce et volontaire d' habitants des communes de notre Comité, comme celui d'autres communes corréziennes, que notre département a mérité son titre de ''Terre de Résistance''. Ici, en effet, la Résistance s'est organisée très tôt essentiellement en lien avec la recomposition du parti communiste interdit à partir du Pacte germano-soviétique de 1939. Les maires communistes des communes de Chanteix, Favars, Lagraulière avaient d'ailleurs été révoqués .

C'est autour de quelques hommes, comme Pierre Boucheteil, domicilié ici, à Villieras de Saint-Mexant, que les premiers petits groupes de ''clandestins'' vont se  constituer. Pierre exploitait dans ce village la ferme de ses parents et connaissait bien le monde agricole du plateau corrézien. Son frère cadet, Armand était, avant la guerre, responsable des jeunes communistes et organisait des manifestations contre le fascisme dès 1935 à Tulle ou des collectes pour les Républicains espagnols à Brive. Mais, en 1940 il était prisonnier en Allemagne. A l'été 1940, Robert Delord, un jeune communiste, pionnier de la Résistance à Brive qui recevait les premiers clandestins, rencontre, ici, Pierre Boucheteil qui l'accompagne ou l'envoie chez des ''amis'' surtout des paysans de Saint-Mexant, Chanteix, Saint-Clément, Lagraulière...qui pourront recevoir des militants communistes pourchassés par la police de Vichy, venant de la basse Corrèze mais aussi de la zone nord occupée et même des Espagnols fuyant le franquisme. Pierre s'occupera de les envoyer chez ces ''amis'' qui les accueilleront, les  hébergeront et / ou les nourriront.

Très tôt donc, des paysans cacheront les clandestins dans les fermes, les granges ou dans des sapes (trous de 2 mètres de profondeur, 3m de diamètre environ creusés dans le sol recouverts de planches et de branchages) creusées à proximité des bâtiments. Ici par exemple, elles se trouvaient dans le bois au-dessus de la grange qui est à votre droite). Cette proximité avec les habitants leur permettait de se réunir et d'organiser des petits groupes d'action. Ils vont ainsi poser dans les campagnes de nos communes, les bases de la Résistance précoce aussi bien pour la composition des futurs ''maquis'' que pour la logistique qui leur était indispensable. De nombreuses rencontres avaient lieu ici, chez Pierre, souvent de nuit. Pierre disposait d'une ronéo et de nombreux tracts appelant à résister, distribués à Tulle ou à Brive, étaient tirés ici même.  Dans ce village de Villieras, presque toutes les familles avaient un fils, un frère, un père, une mère, une fille qui participait à la Résistance, se trouvait dans le maquis.ou l'aidait. Ils se nommaient Terriac, Bouyssou, Perrier, Gounet, Chastang, Roche...Il faut souligner l'importance capitale du soutien apporté par ces femmes et ces hommes de nos campagnes sans lesquels la Résistance n'aurait pas pu vivre et se développer dans notre secteur géographique comme dans le reste du département.

A partir de l'automne 1942 , vont s'ajouter aux jeunes venus de loin parfois, ou simplement de Brive et Tulle et aux Espagnols (quelques uns étaient arrivés ici-même dès l'automne 1939), les jeunes de nos communes ''réfractaires'' à la ''Relève obligatoire'' et recherchés comme tels par la police du gouvernement collaborateur de Vichy. De plus, avec l'occupation de la zone sud (novembre 1942) ''c'est une véritable affluence de camarades qu'il faut cacher'' selon Pierre Boucheteil. La création du STO en février 1943 (Service du Travail Obligatoire) et le refus de nombreux jeunes de nos communes de partir en Allemagne compliquera encore la situation  en augmentant le nombre de clandestins.

Début 43, ces ''primo-résistants'' devront, avec les ''réfractaires'' s'éloigner des fermes qui les accueillaient parce que les paysans étaient, comme eux, de plus en plus surveillés. Ils vont se regrouper  dans des zones boisées assez loin des routes principales et former des camps de ''maquis''(référence à la végétation corse réputée impénétrable) dont le plus important au lieu-dit Moulzat de Chanteix (à 3 kms environ d'ici) qui deviendra le PC tactique du sous-secteur B des FTP(1) et la ferme Boucheteil, le Poste de Commandement du même sous-secteur. Des chemins vicinaux (direction Surget) empruntant des zones alors très boisées, joignaient ces 2 lieux essentiels. Ce camp  revêtira une grande importance dans la lutte de la Résistance contre l'ennemi en moyenne et basse-Corrèze. Il se trouvait à moins de 20 kms de Tulle et de Brive par les chemins souvent parcourus à pied  par les maquisards Mais avant de rejoindre le camp de maquis FTP, de nombreux Résistants clandestins passaient par ''la ferme Boucheteil'' connue par les responsables départementaux. Pierre était

devenu aussi ''boîte à lettres'' des Espagnols  Résistants  de Brive dont le groupe  avait été repéré et devait se cacher ou rentrer dans le maquis. Il les recevait ici, chez lui, ou les envoyait chez des amis paysans et/ou les dirigeait vers les camps de maquis. 

Les femmes de nos communes ont eu également un rôle important dans la Résistance. Certaines très tôt, surtout dans les fermes, se sont employées à nourrir et blanchir ceux qui se cachaient, et d'autres, plus jeunes ont participé au combat comme agents de liaison courant les mêmes risques que les hommes. Ici, à Villieras, aux côtés de Louise Boucheteil, fille de Pierre, elles étaient 2 agents de liaison qui sillonnaient les routes à vélo de St Mexant, de Chanteix vers Tulle ou Brive transportant des plis en prenant de gros risques.

D'ailleurs, la venue des Allemands (guidés par un faux maquisard) ici, à la ferme Boucheteil fin mai 1944, pour arrêter Louise et la faire parler, en est l'illustration. Louise ne restait pas, habituellement, dans la maison pour éviter de faire courir des risques à sa famille et aux Résistantsqui passaient ; mais elle était venue voir son jeune frère, malade, et le matin très tôt, elle n'avait pas quitté les lieux. Après avoir tenté de faire parler la mère de Pierre, son fils Germain, malade, les Allemands pillaient la ferme, tuaient les animaux et  emmenaient Louise qui refusait de parler. Elle fut retenue prisonnière à la garnison de la Wehrmacht de Tulle et malgré les sévices subis pendant plus d'une semaine, elle ne donnera aucun nom. Elle sera libérée par les maquis le 8 juin 1944 mais restera marquée toute sa vie par ce terrible épisode. Lors de l'arrestation de Louise, Pierre, son père, se trouvait à l'hôpital de Brive blessé à la jambe par le maniement d'une arme, mais entré en prétextant une blessure par un outil agricole. Soupçonné de Résistance et surveillé par les Allemands, il fut ''exfiltré'' littéralement de l'hôpital par un groupe de maquis avec à leur tête une femme remarquable du village, Germaine Roche. Mais il dut être amputé. La famille Boucheteil, comme d'autres dans nos communes, avait payé un lourd tribut à la Résistance . 

                                                            Le Comité Intercommunal ANACR de Saint-Mexant

                                                                                          

 1) Francs Tireurs Partisans. Le terme de ''Partisan''  est employé pour désigner des combattants civils clandestins (regroupés en camps)s'opposant à une armée régulière d'occupation. Il est d'ailleurs utilisé pour désigner les Résistants de tout pays menant une lutte armée de libération de leur territoire durant la seconde guerre mondiale. (Hymnes de la Résistance : Le Chant des Partisans (France) ; Bella Ciao (''O Partigiano.''..Italie ). Les camps de l'Armée Secrète sont souvent répertoriés aux archives militaires de Vincennes parce que la plupart des chefs de l'AS étaient des militaires mais ceux des FTP, bien que plus nombreux en Corrèze, n'y figurent pas. L'objectif  majeur des maquisards était de ne pas se faire repérer.

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Date de création : 03/05/2023 @ 22:23
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