RESOLUTION D’ORIENTATION GENERALE
CONGRES NATIONAL DE DAX – 20, 21, 22 OCTOBRE 2017
RESOLUTION D’ORIENTATION GENERALE
Réuni à Dax du 20 au 22 octobre 2017, le Congrès national de l’ANACR fait sien le mot d’ordre du Congrès : «Plus que jamais le besoin de mémoire et d’histoire » développé en sa séance d’ouverture par le rapport présenté par le Bureau National, qu’il approuve.
En 2018, s’ouvre à nouveau une séquence mémorielle de grands évènements qui ont marqué la Seconde Guerre mondiale.
L’année 2018 sera en effet celle du 75ème anniversaire de la création du CNR et de la libération de la Corse, premier département métropolitain soustrait, en premier lieu par son insurrection, à l’occupation fasciste et nazie ainsi qu’au régime pétainiste,
L’année 2019 sera celle du 75ème anniversaire de la publication du Programme du CNR et de la Libération de la France,
L’année 2020 sera celle du 75ème anniversaire de la Victoire sur le nazisme et le fascisme japonais.
Soixante-quinze ans après ces évènements majeurs pour l’histoire de la France et du Monde, force est de constater que le monde contemporain est fort loin des aspirations et des espérances des peuples, celle d’un monde en paix, celle d’une société humaniste, démocratique et solidaire, dans laquelle l’intérêt général primerait sur les intérêts particuliers, ce qu’exprima en France le Programme du Conseil National de la Résistance.
Le monde contemporain connait les guerres, notre pays s’est à plusieurs reprises trouvé impliqué dans plusieurs d’entre elles, en Afrique centrale et du Nord, il l’est aujourd’hui en Afrique Sahélienne, du Mali au Tchad, il l’est au Proche et Moyen-Orient, en Syrie, en Irak en premier lieu. En Asie Orientale, l’affrontement entre la Corée du Nord et les Etats-Unis menace de dégénérer en conflit nucléaire. Notre pays, en s’appuyant sur les institutions de sécurité collective mises en place à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, doit jouer un rôle moteur dans les initiatives tendant à diminuer les tensions et à résoudre les conflits par la négociation dans le cadre de l’ONU.
Notre société connaît le racisme et la xénophobie, la montée des intégrismes, l’aggravation des discriminations et des exclusions ; la solidarité a dramatiquement reculé, les intérêts particuliers ont pris d’évidence le pas sur l’intérêt général. Le monde et notre société sont en crise, une crise qui depuis fin 2008 a pris sur le plan mondial une tournure aigüe, notamment dans plusieurs pays d’Europe, une crise qui, de par la désespérance sociale qu’elle suscite, s’est déjà traduite par la montée de l’extrême-droite fascisante dans quasiment tous les pays d’Europe dont le nôtre. Plus que jamais, il est nécessaire que les valeurs humanistes, sociales et de solidarité du Programme du Conseil National de la Résistance soient portées à la connaissance du plus grand nombre, en le diffusant le plus largement possible à l’occasion du 75ème anniversaire de sa publication en 2019.
C’est ce contexte qui a, s’appuyant sur une méconnaissance de l’Histoire, suscité un regain des idéologies que l’on aurait plus croire définitivement vaincues en 1945, un regain s’accompagnant dans plusieurs pays d’Europe centrale et Orientale d’une démarche négationniste de réhabilitation des régimes qui s’en inspirèrent, en France de celle du régime collaborateur pétainiste ; en même temps que se développaient des poursuites judiciaires contre des anciens Résistants, contre des victimes de la barbarie nazie. Pire, les idées racistes, autoritaires, antidémocratiques ont parfois diffusé dans des formes dangereuses au-delà de l’extrême-droite. Les campagnes d’hostilité à l’égard des migrants fuyant la guerre, la dictature mais aussi la misère, la famine meurtrière se sont développées. S’appuyant sur la réalité du terrorisme barbare qu’il faut condamner sans la moindre réserve et combattre sans faiblesse, se multiplient les mesures sécuritaires, les remises en cause des libertés démocratiques, à l’instar de ce qui se fit à la veille de la seconde Guerre mondiale et dont les conséquences se firent dramatiques quelques mois, quelques années plus tard.
Cela montre, s’il en était besoin, la nécessité de transmettre la connaissance de ce qu’a été la réalité monstrueuse du fascisme lorsqu’il a été au pouvoir du début des années 1920 à 1945, de ce à quoi ont mené durant cette période les atteintes à la démocratie et les discriminations racistes, la misère sociale conduisant nombre de ceux qui en furent victimes à prêter une écoute attentive aux démagogues.
Face à cette montée de l’extrême-droite, à ces résurgences du fascisme dans tous les pays européens du Nord ou du Sud, de l’Est ou de l’Ouest, ce dont témoigne l’audience que les partis qui s’en réclament recueillent sur le plan électoral, il est souhaitable que puissent être réunies les conditions d’une réponse coordonnée de celles et ceux qui se réclament à travers l’Europe des valeurs de la Résistance à cette menace qui grandit. En premier lieu dans le cadre de la Fédération Internationale des Résistants (F.I.R.) dont l’ANACR devient membre associé.
Cela montre aussi la nécessité d’être vigilants à l’égard du négationnisme falsificateur, et de toute tentative d’exonération du fascisme de ses crimes. Cela montre surtout celle de transmettre la mémoire des combats de ceux qui s’opposèrent au fascisme, souvent dès avant-guerre, de ceux que l’Histoire a appelé les Résistants, et qui contribuèrent puissamment à l’abattre, de transmettre les valeurs qui les motivèrent et qu’exprime le Programme du CNR, dont la mise en œuvre à la Libération des mesures qu’il préconisait permit des avancées démocratiques, économiques et sociales qui, malgré les remises en cause qui intervinrent très tôt, restent encore aujourd’hui dans de nombreux domaines des acquis à défendre.
2018, 2019 et 2020 seront donc des années marquantes pour la mémoire, l’ANACR devra être activement présente à ces rendez-vous pour continuer le combat antifasciste qu’elle n’a cessé de mener depuis 70 ans, pour faire connaître, garder vivantes aujourd’hui, pour faire vivre demain les espérances de la Libération et de la Victoire.
Pour mener ce combat antifasciste, l’ANACR, dont le pluralisme est fondateur et consubstantiel, est par là-même le cadre permettant à toutes celles et ceux, de toutes opinions démocratiques, que révoltent le fascisme, la xénophobie, le racisme et le bellicisme de se rassembler, au-delà de leurs différences de conception de la société, d’options philosophiques ou de croyances, autour des valeurs humanistes, démocratiques et patriotiques de la Résistance.
Pour autant, cela n’exclut pas de mener sur la base de valeurs partagées des actions communes avec d’autres structures dès lors que cela respecte notre pluralisme et surtout ne cantonne pas de facto l’ANACR dans un seul secteur de l’opinion démocratique, ce qui serait contraire à sa nature à son rôle, et à sa mission.
Pour mener ce combat, renforcer l’ANACR est une nécessité, cela passe d’abord par l’action, qui est tout à la fois un moyen de diffuser ses orientations et un moyen de recruter de nouveaux adhérents, de former de nouveaux cadres, cela passe par l’utilisation des nouveaux vecteurs de la communication tels ceux qu’utilisent en priorité les jeunes générations, sans négliger les anciens qui gardent leur audience. Le site internet et le Journal de la Résistance ne sont pas antinomiques, ils doivent être complémentaires.
Plus que jamais, notre société et notre vie démocratique ont besoin de l’exemple des Résistants et des valeurs de la Résistance, nous en serons encore d’avantage les passeurs
DAX, le 22 octobre 2017